Pierrette Jouan
Une journée charnière. L’énergie du jour m’a permis d’amener à ma conscience de profondes libérations, la vie m’offre de percevoir l’espace dans lequel je suis libérée de mes attachements, de mes croyances, de mes peurs, recouvrant mon essence d’être, renonçant à la connaissance, au savoir accumulé pour accepter d’être nouvelle, d’être novice à ma vie.
Une journée lumineuse à souhait, couronnée par une sortie en ski de randonnée entre voisins, dans un doux vallon à deux pas du moulin. Nous montons en tête avec Fredo, rejoints un peu plus tard par Carine, Salomé, Etienne et leurs deux chiens, Filoute et Schnaps. L’ascension est menée avec entrain, Fredo et moi avons le cœur à rire, nous avançons donc lentement, ce qui nous permet d’atteindre le sommet ensemble. Si vous visualisez les népalais arrivant au K2, vous n’êtes pas si loin de la vérité !
Trêve de plaisanterie, et aparté pour ces népalais qui ont gravi les derniers mètres en ne formant qu’un : hats off pour ces hommes, « ensemble ». C’est qu’ils ont montré au monde. Le but est important, mais le collectif, le lien, est bien au-delà de l’objectif. Pour ce qui nous concerne, loin des 8000m, nous savourons le soleil et ce paysage enneigé qui nous tient dans ses mains. La neige irrégulière forme des croutes par endroit. Je me remémore la chute qui aura eu raison de mon genou dans des conditions similaires il y a quelques temps, je suis néanmoins pleinement confiante. Il s’est passé deux ans depuis cette chute. Les deux instants se ressemblent et pourtant… un monde, une renaissance les séparent. Nous profitons de ce généreux soleil qui nous ressource, prenons le temps d’être ensemble en haut, encore quelques instants. C’est une petite ascension, quelques centaines de mètre de dénivelé, mais elle nous met tous en joie, la descente en est emplie, je me sens bien sur cette neige pourtant traffolée. Intérieurement je savoure l’évolution, la bénédiction du temps qui passe et me fait grandir. Il y a deux ans, mon genou se brisait de ne savoir me montrer autrement, qu’il me fallait trouver ma place, parmi les autres, et en moi-même. Deux ans se sont écoulés, le genou n’a pas de message à me transmettre. Je suis si bien entourée de ces personnes de cœur, saines, généreuses… les mots sont parfois de trop, comme une peur de bousculer l’équilibre simple, surtout ne pas figer, laisser l’évolution prendre place dans ces relations qui font sens. Le chemin vers ma place intérieure s’affine aussi, pas à pas. La descente pleine d’éclats de rires, Salomé a détaché sa longue et épaisse chevelure blonde, que je vois du coin de l’œil, terminé en virgule ses virages nombreux et rapides ! Nous arrivons skis aux pieds aux voitures et reprenons promptement la route avec Fredo, car j’ai un rendez-vous peu de temps après. Ma conduite est quelques peu vive, et c’est en descendant de la voiture qu’il m’avoue sa surprise ! Je ris à gorge déployée, d’autant plus qu’il y avait de nombreux oiseaux… que je n’ai pu m’empêcher d’admirer tout en conduisant… ! Fredo a dû user le tapis côté passager ! Ma conduite est devenue un sujet à en rire récurant dans le hameau ! C’est un délice d’être entourée de ces êtres bienveillants.
Cette nuit, éveillée au creux des ombres, j’écris. L’appel des mots est trop puissant pour que le sommeil revienne. Se faisant, le feu se ranime dans le poêle à bois. J’ai nettoyé la vitre avant de dormir, permettant à sa lumière de jaillir, projetant ainsi ses dessins enjôleurs sur le plafond et les murs qui m’entourent. J’arrête d’écrire et me lève pour aller à la fenêtre, je fais ce geste tant de fois par nuit, j’ai besoin de m’approcher des étoiles, de voir la quiétude de la nuit faire son œuvre. Je vérifie toujours l’état des traces dans la neige, ainsi je note si les passages du renard sont à heures régulières, mais en vain. Il est incontrôlable et plus je veux le comprendre, ou saisir quelque chose à son propos, plus il fuit. Pourtant, je sens bien que ma présence lui est agréable, et même qu’il se joue un peu de moi. Parfois je me réveille en sursaut, mais je reste dans le lit, regarde le ciel, et devine une présence, je ne bouge surtout pas, quel serait mon plaisir de le voir, et de l’effrayer, le savoir à côté m’est in fine bien suffisant, c’est le lien que je cherche avec lui et non la possession. Cette nuit je reste de longues minutes à observer les étoiles, elles me font du bien. Je plonge en elles et me souviens alors… l’absolue, l’infinie, le rien, le tout, j’en suis bercée et rassurée, cette mémoire s’installe en moi et m’apaise. J’ai fait un pacte avec le moulin, pas de connexion internet la nuit, pour que nous puissions tous nous reposer, mais là, je n’arrive pas à me rendormir et les heures passent, je pense alors à aller me promener dans la forêt, mais je ne le sens pas. Je prends alors mon téléphone. Je navigue, je cherche… je ne sais quoi… le lien peut-être, des réponses certainement… je remplis le vide nocturne, car il ne m’est pas que nourricier. Mon mental est très actif, je viens de vivre une journée charnière, les libérations sont aussi sources d’un mouvement interne expansé, la nuit, toutes les cartes sont remises sur table. J’accepte le travail, mais après un certain temps, je sens que je dois me reposer, lire des articles me permet de focaliser sur un objet, mon mental termine ainsi sa course effrénée sur une photo… le calme revient, le sommeil l’accompagne.
Ce matin à l’aube, l’envie du mouvement s’éveille en moi, je range la maison. Soudainement je sens un immense poids sur mon plexus solaire. Cette sensation m’est particulièrement désagréable. Je tente de comprendre, pour me libérer de cette sensation au plus vite. Mais à ce stade, c’est impénétrable. Je prends le temps de poser l’intention de laisser couler, partir, mourir, ce qui n’a plus lieu d’être. L’intention me soulage un peu, mais faiblement. J’ai réalisé deux soins avec des éleveurs et leurs bêtes hier, je cherche de ce côté, car une des bêtes a sollicité le corps émotionnel. Mais la piste est vaine. Au réveil, mon corps voulait du mouvement, la clef est là. La journée n’est pas propice à une balade de santé, légère et ludique, mais bien à me soutenir dans l’évolution de mes vibrations, et je le sens poindre : à lâcher les attachements. Je commence doucement l’ascension, la neige est humide et lourde, qu’à cela ne tienne, je prends mon temps, pas à pas. J’atteins le premier col, le vent s’est intensifié là-haut, il m’aide à balayer les peurs. J’observe les nombreux pas formés dans la neige, la présence animal s’est visiblement intensifiée ces derniers jours, pour ma plus grande joie. Le temps se joue des nuances de gris, et les nuages haut filent à vitesse débridée, m’offrant le vent comme soutien de ce passage, de ce cap de vie. Je marche dans les pas d’un chevreuil, et laisse mon intuition mener mon avancée, tous mes sens hument ce vent, cette fraicheur, qui me saisit les oreilles. Je les sors de mon bonnet car je veux laisser libre tous mes sens, et l’ouïe me permet de « savoir » pleinement où je suis, de comprendre ce qui m’entoure. J’entends le vent, les oiseaux, la rivière qui coule et chante le long des stalactites. Je monte sur l’arête, en continuant à suivre les pas qui me sont offerts par le chevreuil. Je l’en remercie car la neige me recouvre jusqu’aux genoux, ce qu’il a déjà soulevé n’est plus à faire. Je navigue de palier en palier à sa façon. Sur ce versant, à priori pas de risque d’avalanche, mais marcher dans ses pas m’en conforte, il est passé juste avant moi. Je le sens doté d’un savoir que je ne possède pas, je lui fais confiance. Il me mène à un pin sylvestre que j’apprécie particulièrement.
Je me sens lourde, immensément lourde quand je me love contre lui, presque avachie tant la lourdeur m’emporte… je sens son soutien infaillible. Je viens souvent à lui, aujourd’hui il m’offre de me reposer contre son écorce. Silencieux, il me porte, silencieux, il m’aide à évacuer, silencieux, il accueille ce que je n’arrive pas, seule, à transcender en moi. Quelle force, quelle puissance d’abnégation. La neige décharge de ses branches, créant une pluie blanche autour de nous. Je me redresse, regarde son tronc si vivant, parcours ses veines de mes fines et puissantes mains. Merci. J’honore cet arbre majestueux, et le quitte en continuant de marcher dans les pas du chevreuil. Je sens que j’ai envie de m’éloigner du sentier battu. Le chevreuil a eu la même envie, ses pas vont exactement dans la direction qui appelle mon cœur. Je continue ainsi l’ascension sur la première crête et redescends vers un collu, où les traces plongent vers l’autre versant. Je regarde un temps autour de moi, le vent s’est intensifié, et me pousse dans la direction de la crête suivante, je trouve des traces de lièvre et reprends mon ascension. Le lièvre est assez dodu pour faire de belles traces, mais il reste tout de même bien plus en surface que le chevreuil. Peu importe, tant que le froid ne me saisit pas, je continue. Arrivant sur le dôme que j’avais en vue, le vent est puissant et soulève d’immenses volutes de neige, qui viennent me fouetter le visage. Puis cesse d’un seul coup. J’ouvre alors les yeux et vois ce magnifique pin, j’avance près de lui, le contourne et me retourne. Alors une immense vague de vent déferle à nouveau sur nous, il vient dans mon dos cette fois, je garde les yeux entre ouverts. Je vois à la lisière de la forêt, les grands pins qui crissent sous l’effort à résister. Et le pin isolé devant eux. Les branches dansent, mais il est infailliblement stable. Campée les pieds dans la neige, profondément ancrée, le vent me chahute mais je ne ploie pas sous son poids. Je ne résiste pas, simplement, je me sens imperturbable. Libérée de ce que ce vent balaye, heureuse de me sentir comme cet arbre, que la tempête amuserait presque, tant il a déployé une structure résistante. Immobiles l’un face à l’autre, et pourtant nous dansons dans ces rafales successives, je ris alors, de cet instant magique et léger, de l’enseignement du pin. Tel ce conifère noueux, je me suis construite dans la tempête. Nous ne sommes pas bien grands, mais résistants. Nos nombreux nœuds attestent des épreuves passées… certaines de nos blessures encore saupoudrées de résine guérisseuse… travail en cours. Je me sens ballotée par le vent, j’ai toujours mal au plexus solaire. Soudain je sens cette pression s’évaporer en un éclair. Je regarde mon téléphone : je viens de recevoir un message. Que le processus pour me libérer des attachements est difficile, il est à la hauteur de ce que j’ai construit comme schéma de survie autour de mes peurs. Merci pour ce message, cela me permet d’avancer encore un peu avec cet attachement, qui jour après jour, se transforme, se libère. Le lien est ce qui unit nos êtres, de nos essences profondes à nos densités humaines, sans qu’aucun contrôle, ni jeu de pouvoir viennent l’alourdir, l’entraver. C’est en cela que j’aspire. Je regarde autour de moi, et ne sachant pas précisément où je me situe, il serait préférable que je revienne simplement sur mes pas. Je jette un regard de non experte sur Iphigénie et vois un autre passage possible. En contre bas, des traces dans la neige. La pente est bien au-delà des 30 degrés, mais je vais rester à la lisière des arbres. J’ai confiance dans cette voie, et plonge dedans. La neige me recouvre les jambes, c’est frais et agréable, sur ce versant, le vent s’est apaisé. Je me sens protégée par les arbres, et déambule doucement à la suite des traces, des milliers de passages, aucun humain n’est venu ici depuis la neige, seuls de fins membres ont foulé le sol blanc. Chevreuil, lièvre, renard, et d’autres que je n’identifie pas. Je sens, je sais, que je suis observée. Je ne veux pas non plus trop affecter leur territoire, je reprends donc ma descente, je continue à la suite des traces, aucune raison qu’ils se trompent de chemin. Je m’appuie sur eux, car cette épaisse couche de neige nivelle tout, je ne perçois pas les pentes correctement, ni les probables trous ou autres embuches, j’ai confiance dans les habitants des lieux. Je passe sous certains arbres et rencontre les lieux où les chevreuils dorment. Ils ne choisissent jamais ces arbres par hasard. Il m’arrive de m’assoupir sous ces frondaisons fort accueillantes, le sommeil en ces lieux est proche du divin. Le monde animal a tant à m’apprendre, je ne peux que le constater chaque jour. Je travaille avec les éleveurs et leurs troupeaux, personne ne travaille avec les animaux par hasard, l’être sensible entend leur enseignement subtile, ils nous disent tout de nous. Après cet arbre, je découvre un lieu connu ! Ces raidillons qui zigzaguent, ces arbres… et oui, je me suis perdue en ces lieux à l’automne ! La neige a bien modifié ma perception globale de l’endroit. A l’automne, il me fallait être très précise sur mes appuis, la boue et les pierres ne me facilitaient pas la tâche, mais là, aucune analyse très précise à faire, la pente étant plus douce, juste suivre les raidillons et laisser le pied s’enfoncer dans cette douceur immaculée. Je décide de ne pas prendre le sentier d’été mais de me laisser porter par mon envie d’aller en direction du nord. A l’orée d’une clairière, je m’arrête et ausculte le versant en face de moi, je sais qu’ils sont là à m’observer. Sortie des arbres, je sens à nouveau le vent qui me pousse doucement, il est bien moins puissant qu’au sommet. Je m’allonge dans la neige, j’observe le ciel. Les feuilles d’automne, que la neige avait recouvertes, profitent de ce redoux pour se détacher des arbres et virevolter au vent. Les nuages haut dans le ciel continuent leur balais, les énergies là-haut sont puissantes ! M’allongeant ainsi au creux de le neige, je laisse le souffle du vent prendre place en moi, je respire. De cette respiration fluide, simple. Les exercices de respiration sont une torture pour moi. La forcer pour la rendre thérapeutique m’est tout simplement impossible, si je suffoque, si je bloque, si je respire peu, cela m’indique où j’en suis, ce que je suis en train de vivre. Contrôler ma respiration pour apaiser mon corps n’a jamais fonctionné, je ne peux pas avoir une approche mécanique de ma respiration, elle est un indicateur que je ne veux pas masquer. Mon chemin est autre. Si ma respiration n’est pas fluide et simple, alors je vais m’explorer, m’observer, j’ai besoin de m’abandonner, de naviguer en eaux profondes afin de resurgir à la vie, ma manœuvre alchimique… Je sens à cet instant mon plexus solaire qui valse… je le laisse s’exprimer, j’accepte que cela puisse être douloureux. Je reste lovée dans cette neige qui me contient et observe les cimes tanguer, le vent joue avec elles. C’est doux. Je me sens enveloppée de cette douceur, mon cœur s’apaise. Je sens un nouvel espace en moi. Le froid s’empare peu à peu de mon corps trop immobile, je me relève. Je termine ma descente et rentre au moulin, un peu différente que lorsque je l’ai quitté. Chaque petite mort ouvre sur une terre à ensemencer, les graines sont plantées, le détachement est en cours.
Encore une nuit puis au petit matin sonne une évidence, comment marcher vers ce détachement sans reconnaitre les espaces où il n’est pas ? Il me faut faire ce pas précieux vers moi-même, et le reconnaitre profondément : je suis jalouse. En couple, je suis jalouse. Je l’ai entendu de nombreuses fois, Pierrette, tu es jalouse. Moi ? Non, évidemment que non, je suis libre, et je laisse l’autre libre. Mais ô combien de fois ai-je renié cette réalité. Mon amie Myrtille m’a posé cette question : « es-tu jalouse ? » J’ai, à la vitesse de celle qui n’est pas prête à aborder le sujet, répondu négativement : « non je ne suis pas jalouse ». Myrtille me confirma ma pensée : « s’il y a de la jalousie, il y a un problème ». Mais le problème semble immense et la barrière infranchissable, alors je me voile cette partie de moi. Je la refuse et la réfute. Ce matin cheminant vers les hauteurs, je me l’affirme haut et fort. Oui, je suis jalouse ! Et les larmes de reconnaissance coulent… cela me libère, me libère de ce mensonge à moi-même. Oui la blessure que cela dit est immense… la montagne seule ne peut plus la cacher, je perçois les grandes lignes : peur de l’abandon, peur de la trahison, peur de ne pas être aimée, peur de… peur de… stop, j’arrête de chercher la cause. Là, dans cette fine couche de poudreuse qui s’est étendue cette nuit pour revêtir la nature d’un subtile et scintillant manteau blanc, je m’ouvre à cette réalité : je suis jalouse. Lorsque j’arrive au premier collu, je vois deux chasseurs en affuts, je marche vers eux, à pas de louve.
Je cache mon désespoir de les voir là en ce jour. Je tente de vous respecter tant que je le peux, je fais de mon mieux, vous avez au moins cette dignité de savoir ce qu’est la mort, vous la donner. Mon itinéraire était pile dans leur ligne de mire, je le modifie pour échanger quelques mots avec eux. Messieurs, je viens de gâcher votre chasse, désolée… et à la fois, je ne peux cacher qu’une partie de moi jubile, ce ne sera pas cette fois-ci, et cette femelle et son petit ainsi que le jeune mâle solitaire… je veux malgré tout les protéger, ce sont mes petits voisins. Les chasseurs sont toutefois raisonnables, ils les ont vus, mais ne les ont pas tirés, « ce n’est pas le but » me précisent-ils. Je leur indique mon itinéraire vers l’arbre que je suis venue voir, et leur glisse discrètement que je randonne ici au moins deux fois par semaine… le terrain est visité, même avec toute cette neige ! L’homme qui s’adresse à moi, de son regard bleu perçant, de son sourire franc et de sa barbe courte proprement rasée me rappelle un autre chasseur, de quelques années son ainé, un être dont la simplicité et la bonhommie me manque. Il y a des liens que l’on ne s’autorise plus, mais dont le manque se fait sentir. Ces chasseurs m’offrent de voir qu’il y a tant de prismes qui ouvrent sur tant de regards différents… comment blâmer, comment juger, une masse, un groupe, alors qu’il n’est constitué que d’individus tout à fait uniques. Je marche vers mon arbre, ce « mon » est un signe d’affection bien plus que de possession… comment posséder un arbre, tel chacun d’entre nous, il est divinement libre.
Je vais vers lui, me dépose contre lui, les deux chasseurs m’observent à la jumelle, je m’en accommode, ainsi ils ne guettent plus le gibier. Je sens que mon comportement les intrigue, et j’observe que cela ne génère rien en moi, je trouve petit à petit ma place. Il est vrai que suis peut-être différente de ce que voudrait la norme, tant est qu’elle existe. Je m’assume telle que je suis, chaque jour un peu plus. In fine, je crois que la norme n’existe pas, et que chacun d’entre nous a plein potentiel de se limiter ou de s’expanser, et que l’Autre et la société ne sont que des excuses pour temporiser notre acceptation de nous-même. J’observe petit à petit chaque espace de moi-même, afin d’apprendre à m’accepter pleinement. Aujourd’hui je me reconnais jalouse. Pour arriver jusqu’à ce jour où je me reconnais avec ce sentiment, je me suis offert de vivre exactement les relations dont j’avais besoin, j’ai choisi l’Autre empli de doutes, vivant avec des fantômes de relations… Je me suis offert de mettre des visages sur cette jalousie, elle était ciblée et facile à justifier. Facile de rallier les autres à ma cause, facile de trouver des soutiens. Je n’étais pas jalouse, c’était l’Autre qui était bien fautif, j’en étais la victime. Les stratagèmes mis en place pour ne pas aller voir une blessure me fascinent, ils sont tellement précieux, comment aurais-je pu continuer à vivre voyant toutes mes plaies béantes d’un seul coup ? Ce n’est que maintenant que je suis capable d’aller vers ce sentiment en moi. Car il s’agit d’un sentiment, j’écris « je suis jalouse » pour ne pas user de la subtilité du langage et dire « je ressens de la jalousie ». Cette formulation serait plus juste dans l’absolu, mais je n’ai pas besoin que cela soit juste, j’ai besoin d’être honnête avec moi-même. Ainsi : je suis jalouse. Je ne cherche pas à justifier, analyser, alchimiser, pas maintenant. Je me berce dans cette jalousie, farouchement j’aime, farouchement je suis jalouse, farouchement je mets, autour de l’homme que j’aime, les limites s’il ne les met pas. C’est peut-être un espace qui évoluera, mais pour l’instant , il est, je le reconnais et l’honore.
Quelques jours après, une fois n’est pas coutume, c’est au bord de la mer que j’ai cheminé vers moi-même. Deux jours à Marseille m’ont rechargée de soleil, la mer m’a baignée de son aura du renouveau, mes amis m’ont reliée à la joie immense du lien, du rire, et d’être ensemble, simplement. Mon amie Val et moi-même sommes à des virages 180 degrés de nos vies. Qui s’agite à l’intérieur de nous ? Est-ce le roulis de la peur de se lancer corps et âme dans l’ inconnu? Ou est-ce l’intuition qui nous propose un autre chemin ? Le déterminer passe peut-être par la prise en compte de la peur, en l’accueillant comme une source d’apprentissage de soi, immense. Nous avons randonné ce matin, arrivant sur le lieu : calanque interdite d’accès. J’ai un instant de recul : c’est interdit. Je ne sais ce qui s’éveille précisément en moi, l’Interdit va d’un battement d’aile cueillir mon enfant intérieur. J’ai toujours été fascinée par les êtres capables de se faire enguirlander… sans aucun émoi. L’interdit, quand je ne le brave pas, ce n’est non pas par éthique, ou par respect de certaines valeurs, mais uniquement parce que mon égo se révulse à l’idée des réprimandes. Mais braver un interdit, n’est-ce pas parfois prendre un risque… de vivre ? Nous avons donc franchi, panneaux, filets, rochers, cailloux, barrant notre chemin, nous faufilant entre les arbres pour, plus aisément, accéder à ce qui sera notre périple de contrebandières modernes, deux rebelles aux cœurs scintillant (et en slip encore !).
Après quelques échanges, ni soumises, ni rebelles, nous convenons que nous sommes simplement sur notre chemin, et que la loi de l’Autre, n’est pas la nôtre lorsqu’elle ne résonne pas juste aux oreilles et aux cœurs. Nous cheminons dans cette garrigue, les oiseaux virevoltent autour de nous, nous sommes bien accueillis par les habitants des lieux. En arrivant au fort, point culminant de notre balade, je suis subtilement attirée par le lieu et me rends aux portes, fermées à grand renfort d’une lourde chaine cadenassée. Je prends tout de même le temps de ressentir le lieu, les traumatismes de l’histoire le hantent. Nous croisons un garde littoral, et je m’avance vers lui pour échanger sur l’histoire et le présent du lieu. Il s’arcboute sur la dégradation des lieux par « une population », graffes, fêtes… le fort est donc fermé, clôturé, rendu inaccessible. Je comprends la volonté de préserver un lieu historique, mais l’être humain me fascine par sa capacité à vouloir figer l’histoire. Oui ces graffes racontent aussi une histoire, l’histoire de l’homme moderne, nous faisons partie d’un continuum. A défaut de laisser le lieu vivre et évoluer, il est fermé, cadenassé, interdit de vie, lui qui aurait tant besoin que les affres du passé laissent place au vivant. Nous reprenons le chemin de la descente, nous dirigeant vers la calanque de l’Erevine. Le chemin que nous empruntons ne l’est que rarement, les buissons nous accueillent fort chaleureusement et nous enserrent de leurs branches. Leurs vives caresses me plongent dans un état de calme souriant, Val se faufile devant moi, je la suis. Nous sortons de ce raidillon pour rejoindre le grand chemin, parlons des peurs de chacun, de ce qui nous est « imposé », de ces changements de mode de vie. Je lis et entends beaucoup « en ces temps incertains »… N’est-ce pas là la véritable vie, naviguer dans l’incertain ? Ne nous sommes-nous pas leurrés de la maitrise ? Maitrise de nos vies, maitrise de l’avenir, maitrise de nos relations… nous en parlions la veille avec Jean-Cri le mari de Val, oui, il est risqué de vivre. La maitrise du risque (et ce fut mon métier !) n’est-elle pas une chimère après laquelle nous courons ? Une part de ce que nous vivons est peut-être dans l’ordre de ce qui est maitrisable, statistiquement parlant. Mettre un casque en moto, permet de réduire le risque d’un accident fatal, mais avez-vous déjà roulé sans casque ? Avez-vous déjà senti l’air d’un printemps s’amonceler dans vos sens à la vitesse tranquille d’une moto conduite sans casque ? Quelle liberté inouïe j’ai ressenti en réalisant que certains risques valent bien d’être vécus. Oui je prends le risque, celui de vivre, pleinement. J’ai conscience de mes peurs, navigue avec elles, je ne lutte plus contre, plus j’en prends connaissance et les apprivoise, plus je tends à aimer et chérir ma liberté profonde. Être soumise ou rebelle de ses peurs, je l’ai exploré de fond en comble, j’aspire à explorer de la même manière ce qui me rends plus libre et éveillée, chaque seconde, chaque jour. Nous arrivons devant un long tunnel de roche, Val s’élance puis se stoppe net : « ah non c’est vrai, on ne peut pas passer par le tunnel ! » Val sait mieux que quiconque mon ancienne phobie de la roche encaissée, mais c’est aussi cela que j’explore de moi-même, ces zones de blocage qui s’ouvrent petit à petit. Je l’informe de cette évolution et nous avançons donc dans le tunnel, nous remémorant le passage du loup, lors du trail de Laudun, où elle avait dû guider mes pas et ma respiration, mes yeux fermés, angoissés de la proximité de cette roche. En cet instant, j’avance… effleurant cette roche de la main, et ces souvenirs me paraissent être d’une autre vie. Arrivée à la calanque, nous croisons des ouvriers probablement en train de sécuriser des chutes de pierres. Ils s’installent tous en haut du pont, et nous observent. Val et moi nous réjouissions de la baignade à venir, mais leurs présences nous en sape l’envie. Nous prenons néanmoins le temps de ce calme, personne d’autre que nous deux dans la calanque, la mer et ces différentes teintes bleutées, son doux roulis, le vent très léger et le soleil… et pourtant je tourne comme un lion en cage, je veux me baigner… mais je refuse de le faire en me donnant en spectacle. Je suis d’abord très en colère contre eux, et devant leur insistance à nous regarder, me demande si notre présence ne les empêche simplement pas de travailler, pour des raisons de sécurité. Une jeune femme arrive, nous échangeons sur le sujet, elle est aussi gênée par l’instante manière d’observer de ces messieurs, je lui dis ma gêne de me baigner sans haut (nous n’avions pas prévu de maillots !) elle me rétorque : « ah non c’est terminé ça, c’est d’un autre temps, personne ne doit nous empêcher de nous sentir libre de nous baigner topless ! ». Je la comprends, mais je ressens aussi ce besoin de me protéger, de protéger ma poitrine, elle est le dernier rempart du cœur, je ne veux pas laisser quiconque atteindre cet espace précieux en moi. A ce moment, un couple arrive aussi sur la plage, et les observateurs disparaissent d’un coup ! Je remercie cet homme de sa présence, libérant ainsi toute crainte de me baigner sans être scrutée. Sans plus attendre, Val et moi plongeons dans la mer !
Le froid nous saisit et manque de peu de nous pétrifier ! Nous nous regardons et vite, ressortons de l’eau ! Cela nous a coupé le souffle, il revient petit à petit, nous marchons sur les cailloux, qui nous ramènent sans tarder au corps ! Nous rions de notre témérité et toute légère inconscience ! Après un petit temps de séchage au soleil (ni maillot, ni serviette) nous remettons nos vêtements et reprenons la randonnée sur ce sentier côtier. Les arbres de bord de mer me fascinent, tels les arbres montagnards poussant au gré du vent et de la neige, ici c’est l’embrun qui les talonne. Nous rentrons de cette escapade de contrebandière ensoleillée, le cœur bien scintillant.
Je rentre au moulin après ce temps avec mes amis à Marseille, ce soir c’est la pleine lune, en attendant cet instant que j’apprécie tant, je vais voir Karine et Etienne. Nous allons tous ensemble relever le piège à image de Mose. Schnaps leur chien est des nôtre, Filoute se repose. Son arthrose le fait souffrir, mais il ne veut pas d’aide, c’est un bon vieux pépère ronchon. J’aime tant partager ces instants avec mes voisins, ils ont clairement des enfants intérieurs très rieurs et très présents, le mien jubile à leurs côtés ! Ils me rappellent instantanément le bon souvenir de la joie simple, du jeu et de la légèreté. Nous nous amusons à tester le déclencheur du piège, à qui mieux mieux fera le chevreuil, le renard, et même les gazelles ! Nous allons ensuite nourrir les chèvres avec Karine. Ce temps passé à la chèvrerie est mon petit moment précieux, je le chéris particulièrement. Après les avoir nourries, nous passons un temps assises avec les chèvres et le bouc, de bonnes gratouilles offertes, et de nombreux câlins reçus en retour, elles sont d’une immense générosité et d’une présence très fine. J’apprends tant à leur côté. Le soir arrive, et je sonde mon envie… pas faim, pas envie d’écrire, pas envie de flâner dedans… Je regarde dehors, la lune passe juste un instant entre deux nuages ! Je n’avais pas du tout envisagé de sortir, mais la lune m’appelle et j’ai bien trop d’énergie pour rester dans le moulin. Je commence à marcher dans la neige, le ciel danse avec les nuages, la lune et moi jouons à cache-cache. J’avance cachée derrière les arbres, elle est là, auréolée, puis à son tour se pare d’un nuage… J’approche d’un endroit que j’observe depuis quelques temps, je pense que le terrier du renard n’est pas loin. Il fait nuit, malgré la neige et la lune qui éclairent par intermittence, la clarté n’est pas de mise, mes autres sens prennent le relais, c’est exquis ! Mon odorat et mon ouïe sont particulièrement à l’aise la nuit. Approchant de cette zone où les traces de pas de renard sont multiples, je sens. Une forte odeur d’urine s’invite à mon nez, elle est tout à fait fraiche, je sais que le renard n’est pas loin, il a uriné ici il y a peu de temps, j’hume, bouge doucement pour regarder aux alentours, respire sa présence et continue mon chemin. Je le sais ici, il me sait là, ne forçons pas la rencontre. Les traces de pas sont nombreuses et bien dessinées, j’observe une trace que je ne reconnais pas, bien plus grosse, des sabots, à priori sanglier ou cerf, la neige profonde ne me permets pas d’identifier clairement la largeur, ni la forme du talon. Je lève les yeux à la lune, un instant nous ne faisons qu’une, je ferme les yeux et savoure l’énergie, le fluide qui parcourt mon corps. Lorsque je les réouvre, devant moi, un chemin, une piste, que je n’ai jamais empruntée. Elle est immense, et je ne l’ai jamais vue. C’est surprenant, après avoir arpentée toute cette montagne, par des passages parfois vraiment abruptes, glissant, enfourchant des arbres, raclant des pierres de mes ongles, glissant, me faufilant entre les églantiers… et là, devant moi, se présente ce chemin, large, accueillant, simple. Je commence à le fouler, j’ai le cœur léger, je n’avais jamais vu le chemin le plus simple, le plus évident ! Quelle leçon ! Quel symbole ! J’avance dans la pénombre, mais le cœur est clair, la vision parfaite, je vois ce que j’ai besoin de voir, enfin. Je suis lucide, sur ce chemin, sur ma vie. Je sais là où j’en suis, je ne sais pas du tout où je vais. Mais c’est avec une grande sérénité que j’emprunte ce chemin vers l’inconnu. Dans cette nuit clairsemée du clair de lune, j’emprunte le sentier que je n’avais jamais vu, et qui pourtant résonne l’évidence. La pénombre pourrait éveiller mes peurs, mais je suis tranquille. C’est le bon chemin. Je traverse la forêt, les ombres me sont familières, malgré n’avoir jamais foulé ce sol, les sons me chantent une confiance en moi qui jaillit de mes profondeurs. Une chouette hulule au loin. Elles ne sont pas légion ici, j’apprécie, j’écoute, me laisse bercée de ce doux chant. La bande blanche sur laquelle je marche s’élève peu à peu, un « couloir » se dessine devant moi. Seul un arbre se présente à son sommet. J’observe ce chemin pavé qui s’offre à moi. Soudain une forme saute à ma droite, mon échine se dresse une fraction de seconde et je réalise aussi instantanément qu’un chevreuil me fait face ! C’est une merveille, c’est le jeune mâle solitaire qui gravite par ici. Il est sublime, il est devant moi, sur cette bande de neige blanche, la lune dans son alignement. L’image, l’instant est totalement magique. Je ne bouge ni ne respire, le temps est suspendu. Mais je sais que le répit sera court, je l’ai très probablement réveillé. Quelques secondes plus tard, il s’élance dans de magnifiques bonds et aboie, il gravit la pente blanchie de neige, s’enfonçant vers la lune avant de basculer vers le versant nord. L’alerte est donnée, une intruse vient de rentrer dans le territoire. Avec ces yeux de chevreuil, comment distinguer au sein de notre espèce, les prédateurs des gardiens ? Je sens une énergie de peur me saisir, elle ne m’appartient pas, je prends le temps d’apaiser cette énergie. Il est parti se réfugier, les aboiements ont cessé. Un instant, j’hésite à faire demi-tour, mais je sais qu’ils sont tous à présent sur l’autre versant, je ne devrais donc plus déranger personne, et cet arbre en haut de la piste de Lune, m’appelle. Je continue alors ma lente ascension, chaque pas m’enfonce dans des dizaines de centimètres de neige, mais me cale bien, ainsi je ne glisse pas. La pente est telle que je dois parfois enfoncer mes mains dans cette neige, afin de me stabiliser. J’arrive enfin au sommet, m’approche de l’arbre, m’allonge au sol pour le photographier, et y reste.
C’est doux, je relâche les tensions, les attachements, je relâche la peur d’abandonner le connu pour faire ce saut dans le nouveau. Ce sentiment de jalousie évolue, est-ce le détachement envers l’être aimé, ou suis-je en train d’intégrer quelque chose d’ autre? Ma reconnaissance de ce sentiment m’ouvre à une partie de moi-même : c’est mon besoin de sécurité. Je l’apprivoise doucement depuis quelques temps. J’ai cherché tout ce qui peut me sécuriser à l’extérieur : l’homme aimant, la famille, les amis, le logis, l’argent. Et in fine, toutes les expériences m’ont ramenée à l’intérieur. C’est de mon propre abandon dont j’ai peur, de ma propre trahison. Ainsi, c’est de moi-même, que j’attends cette protection. Là, le ventre contre la neige, je laisse couler. Je suis bientôt au sommet de ce versant, je suis incapable de faire demi-tour, ma curiosité me mène à l’orée du bois qui cercle le sommet. C’est doux. Ce sommet est un dôme, je ne perçois pas bien les distances ni le dénivelé avec cette faible lueur de lune, je sens que la pente est à plus de 30 degrés et je suis heureuse d’être enfin en haut, ici je me sens parfaitement en sécurité. C’est un exercice que de me l’offrir. J’entreprends de descendre, et me laisse totalement portée par mon envie de dévaler les pentes en courant, je retrouve ma joie d’enfant ! Je tourbillonne dans la neige et me laisse choir en riant, la tête qui tourne à en faire briller les étoiles. Je me nourris de cette joie profonde, je sais que bientôt sera la fin d’un cycle, tous ces instants m’y préparent.
Dès que je m’installe dans un espace où il m’est confortable de naviguer, avec une forme de contrôle des évènements, la vie me ramène à une épreuve supplémentaire : enlever encore une épaisseur de la couverture, encore descendre d’un étage vers le profond de l’âme. Je savais cette étape primordiale, la rencontre avec l’Autre, l’être aimé, une dernière fois. Ultime mélange des âmes, pour m’amener une fois de plus à sentir, sentir ce qui n’est plus juste, ce qui sonne faux. J’accueille avec tout mon être ce dernier échange, je m’observe attentivement, je joue une dernière fois cette partition automatique, je me perds totalement dans son champ lexical de vie, je me plonge une dernière fois dans la non définition de mes limites, je ne sais plus qui je suis, je perds mon essence, une dernière fois je perds les contours de mon être, une dernière fois j’admire, une dernière fois j’aime à perdre mon être, une dernière fois je serre dans mes bras l’être à qui j’ai offert sans limite, perdant ainsi les miennes, mon âme et mon cœur… ce dernier saut dans l’abandon éperdu de mon être à l’Autre. Je me l’autorise sans contrôle, sans aucune retenue, afin de me comprendre, afin d’observer finement mes schémas, afin de voir les failles, les torsions, les appuis bancals, la soif de complétude, la quête vaine d’unité avec l’Autre… Je me fais ce divin cadeau, afin de faire un pas de plus vers moi-même, encore un. La séparation que je suis en train de vivre est divine. C’est une séparation avec les schémas que j’ai joué et rejoué, jusqu’à ce que l’observation, fasse place à l’alchimie, le cœur aimant et reconnaissant, je leur dis au revoir, une épaisseur en moins. L’instant est difficile mais ô combien annonceur d’un joyau que je sens poindre, je l’accueille avec la grâce et l’Amour qui l’accompagne, laissant libre place à la novice.
Quel pied ! Certes l’expression est assez légère, mais elle vient du cœur ! Votre chronique, c’est une respiration, une dose pour le lecteur adict que je deviens !